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Agrivoltaïsme : qu’est-ce que c’est ?
L’agrivoltaïsme est l’association entre l’agriculture et le solaire sur une même parcelle : des animaux sous des panneaux (ombrage en été), du maraîchage sous des structures pilotables, des vergers ou vignes sous ombrières. Le dispositif sert l’activité agricole (protection, microclimat, bien-être animal) sans dégrader les rendements. Ce n’est pas qu’un “toit de panneaux”. Il protège, accompagne et optimise l’exploitation : protection contre la grêle ou le gel, ombrage en période chaude, régulation microclimatique, bien-être animal. Pour mettre en pratique l’agrivoltaïsme, le rendement et la qualité doivent être maintenus ou améliorés. Le décret du 8 avril 2024 et son arrêté d’application précisent les conditions d’implantation et les preuves attendues, dans le sillage de l’article 54 de la loi APER (10 mars 2023). Ces textes définissent les grands principes : service direct à l’activité agricole, maintien d’une activité principale et significative, revenu agricole durable, réversibilité, contrôles et suivi dans le temps.
Pourquoi l’adopter ?
De manière générale, l’agrivoltaïsme transforme des contraintes climatiques et foncières en leviers opérationnels pour votre exploitation. L’ombrage modulé limite les excès (coup de soleil, canicule), peut améliorer la qualité et étaler les récoltes. Sur l’élevage en plein air, il contribue au confort et au bien-être animal. Au-delà de cela, il aide à stabiliser la qualité et les dates de récolte, ce qui représente un atout pour les contrats et la logistique. Côté modèle économique, le projet peut diversifier ses recettes via loyers, redevances et autoconsommation, tout en organisant un partage de la valeur. Enfin, le co-usage optimise le foncier : vous créez plus de valeur au même endroit, y compris sur des espaces dégradés ou peu productifs, et vous facilitez l’acceptabilité locale dès lors que le bénéfice agricole est tangible et mesuré.
Un point d’équilibre à trouver
Les panneaux modifient la lumière, la température et l’humidité du sol sous l’installation. L’ombrage protège des excès (gel, canicule) et peut améliorer le confort animal ou la qualité de certaines cultures. En revanche, une baisse trop forte de rayonnement peut pénaliser des cultures très héliophiles. D’où l’enjeu de choisir la bonne architecture (hauteur, espacement, pilotage), d’adapter les cultures et de mesurer les effets (zone témoin, indicateurs) pour capter les avantages sans dégrader la performance agronomique. Le cadre réglementaire formalise précisément ce compromis : service direct à l’agriculture, rendement “significatif”, revenu durable, activité agricole principale ; ce sont des critères à prouver et à suivre dans le temps.
Pour qui c’est pertinent ?
L’agrivoltaïsme se révèle particulièrement pertinent pour les élevages en plein air, mais aussi pour les systèmes maraîchers et les cultures sensibles au climat, où un ombrage modulé limite les coups de soleil, améliore la qualité et étale les récoltes. Les vergers et la vigne sont très compatibles : les ombrières atténuent gel, grêle et pics de chaleur, protègent la qualité et peuvent lisser la maturité, à condition d’anticiper la mécanisation (taille, effeuillage, vendange). L’intérêt est également marqué sur des exploitations avec de fortes contraintes foncières (petites parcelles, îlots fragmentés, pentes) : le co-usage crée de la valeur au même endroit si l’activité agricole reste significative et l’implantation réversible. Sur des sites à reconvertir (friches, merlons, sols pauvres), il peut relancer une activité agricole réelle (parcours, fourrages rustiques, vergers adaptés). Enfin, il intéresse les fermes visant une autoconsommation pilotable pour stabiliser la facture d’énergie tout en rendant un service agricole mesurable. À l’inverse, c’est moins pertinent pour des grandes cultures très héliophiles si le taux de couverture et l’ombre ne sont pas maîtrisés, ou lorsque la mécanisation exige de grands dégagements, voire en contexte paysager très sensible sans solution d’intégration.
Comment réussir votre projet : méthode et preuves
Pour réussir votre projet, voici les points de vigilance à anticiper dès la conception :
Étape 1 — Comprendre le système agricole : cartographiez sols, pentes, accès, irrigation. Décrivez l’itinéraire technique : semis, tailles, récoltes, passages d’engins. Listez vos risques : gel, grêle, canicule, stress hydrique. Fixez des objectifs : rendement, qualité, bien-être animal.
Étape 2 — Choisir l’architecture : comparez ombrières surélevées, structures réglables, suiveurs, serres, filets solaires. Pensez gabarits, manœuvres, interventions : l’architecture doit d’abord servir la culture ou l’élevage.
Étape 3 — Définir services et indicateurs : protection (gel/grêle/UV), régulation thermique, réduction du stress hydrique, bien-être animal. Associez des indicateurs objectivables : degrés-jours, hygrométrie, rendements, critères qualité, comportements animaux.
Étape 4 — Mettre en place la preuve : créez une zone témoin (au moins 5 % de la parcelle) et organisez un suivi pluriannuel (M+6 à M+60).
Étape 5 — Préparer l’exploitation : rédigez vos procédures : accès, maintenance, sécurité, incendie, consignations, co-activité. Organisez une formation et les contrôles, et prévoyez la réversibilité.
Le cadre réglementaire : les 5 critères clés
Les textes d’application de la loi APER cadrent la qualification “agrivoltaïque” autour de cinq exigences cumulatives :
Service rendu à l’agriculture. Le projet apporte au moins un service (amélioration agronomique, adaptation climatique, protection contre les aléas, bien-être animal) sans porter atteinte substantielle à un autre (ou seulement une atteinte limitée à deux autres).
Production agricole significative. En cultures, la moyenne de rendement sur la parcelle doit rester ≥ 90 % de la zone témoin ou d’un référentiel. En élevage, on vérifie le taux de chargement et, pour les ruminants, la production fourragère ; la règle des 90 % s’applique dans les deux cas. Des dérogations sont possibles (qualité en hausse, événements imprévisibles), sur décision préfectorale.
Revenu durable. La moyenne des revenus agricoles (hors revenus liés aux panneaux) après implantation ne doit pas être inférieure à la moyenne d’avant, en tenant compte de la conjoncture.
Activité agricole principale. L’installation ne doit pas rendre inexploitables plus de 10 % de la parcelle. La hauteur et l’écart entre rangs doivent permettre le travail normal des cultures/animaux et assurer leur sécurité/abri.
Zone témoin & contrôles. Zone témoin obligatoire en cultures (sauf exceptions) ; périodicité des contrôles variable selon la technologie (éprouvée ou non), avec transmission de rapports par un organisme indépendant.
Agrivoltaïsme ou pas ?
Ombrières (sans parois). Les ombrières peuvent être considérées comme agrivoltaïques si elles rendent un service direct à l’agriculture (protection contre gel/grêle/chaleur, microclimat, bien-être animal), permettent de continuer à produire normalement et restent réversibles avec un suivi mesuré. Sinon, ce n’est pas de l’agrivoltaïsme. Pour les critères détaillés, voir la documentation officielle (legifrance.gouv.fr).
Serres avec panneaux en toiture. Agrivoltaïque oui si l’ombrage est piloté au bénéfice des cultures et que la production agricole reste au cœur du projet, avec des indicateurs et une zone témoin quand c’est requis. Si la serre est utile mais ne répond pas à ces exigences, elle n’est pas considérée agrivoltaïque.
Hangars photovoltaïques. Les hangars photovoltaïques ne sont pas agrivoltaïques : ils ne couvrent pas des cultures ou pâtures en production. Ce sont des bâtiments agricoles équipés de panneaux photovoltaïques, évalués selon leur utilité pour l’exploitation, mais sans la qualification “agrivoltaïsme”.
Paysages, cas particuliers et insertion territoriale
L’acceptabilité d’un projet tient beaucoup à son insertion paysagère. Un dispositif qui altère un site ou des vues sensibles peut être refusé. Des règles spécifiques s’appliquent en montagne, sur le littoral, en outre-mer et en milieu forestier (ex. espaces boisés classés), où l’on examine aussi les enjeux carbone, biodiversité et paysages. Les services instructeurs accompagnent le projet du dépôt au démantèlement : soignez l’intégration visuelle, les accès, la réversibilité et le plan de fin de vie. Pour identifier des surfaces à faible productivité — souvent plus pertinentes — on peut mobiliser les expertises du CNPF, de l’IGN ou de l’ONF, en complément d’analyses locales. En résumé, un design paysager solide, des justificatifs clairs et une cohérence territoriale augmentent nettement les chances d’acceptation.
Agrivoltaïsme : on vous accompagne
Geoness accompagne les porteurs de projets agrivoltaïques (agriculteurs, développeurs ENR, industriels, aménageurs et collectivités) avec une approche à la fois réglementaire et territorialisée. Notre rôle : traduire la réglementation en preuves et en résultats opérationnels. Concrètement, nous sommes à vos côtés du diagnostic jusqu’au pilotage du projet (co-conception, scénarios et compatibilité SCoT/PLU, zone témoin et indicateurs, insertion paysagère/sol-eau/biodiversité/sécurité, pièces prêtes à l’instruction, tableau “exigences ↔ réponses”, calendrier d’autorisations, concertation, suivi M+6 à M+60). Cet accompagnement s’inscrit dans la continuité de notre engagement : sécuriser les projets par une méthode rigoureuse, renforcer les liens avec les acteurs institutionnels et techniques, et garantir des bénéfices mesurables pour l’agriculture comme pour le territoire.
UN PROJET À CONCRÉTISER ? PARLONS-EN !
Que ce soit un dossier ICPE, un parc photovoltaïque ou un projet de carrière, notre équipe est prête à vous accompagner. Contactez-nous pour un échange personnalisé et une première évaluation gratuite.